Cette distinction entre laine cardée et peignée, est essentielle pour comprendre leurs différences de rendu, d’usage et leur durabilité.

La flanelle provient historiquement de la laine cardée : une fois les fibres de laines brutes, lavées et débarrassées de leurs impuretés, elles sont brossées afin d’aérer la laine. Le cardage (nom provenant de la fleur de chardon, qui était autrefois utilisée pour brosser les fibres) produit un ensemble de fibres mécheuses que l’on peut facilement séparer les unes des autres. C’est cet aspect très aéré qui permet de produire par la suite, des bobines de fils avec beaucoup de relief et de texture.
Une fois que l’on a tissé ces fils puis foulé le tissu, la flanelle produite va avoir un rendu moelleux et même « poilu » en raison de la présence de fibres courtes dans ses fils. Pour un costume ou pantalon, il faut alors bien veiller à choisir un tissu lourd car la laine cardée est plus sensible aux frottements. C’est pour cette raison par exemple que la mythique Heritage flannel (woolen flannel) de chez Fox Brothers est à la fois texturée, duveteuse, lourde (500gr) et chaude. Malgré une laine cardée, elle est très solide en raison de son épaisseur.

Pour un rendu un peu plus raffiné, on utilisera par la suite la laine peignée. Un méthode plus poussée, destinée à séparer les fibres en les peignant : les plus courtes sont éliminées, les fibres plus longues bien alignées grâce au peignage permettent de créer des fils plus résistants (l’appellation des fameuses laines super xxx sont des laines peignées triées par la finesse des fils utilisés).
Lors du foulage, le tissu va moins s’ébouriffer car les fils sont plus travaillés et possèdent des fibres longues. On va généralement créer une flanelle plus fine et légère, idéale pour des costumes « 3 saisons », un vêtement doux, mais pas nécessairement d’hiver. Côté durabilité, comme le tissu sera plus fin, nous vous conseillerons d’éviter les coupes « cintrées » qui vont plus tirer sur le tissu.

Vous en souvenez-vous ? De ce pantalon en flanelle grise, que vous avez acheté très tôt dans la construction de votre dressing car il était censé créer beaucoup de tenues automne hiver ? Et ce fût le cas d’ailleurs puisqu’a force d’être associé, à toutes vos vestes d’hiver, il a trop souvent été porté et à fini par se limer à l’entrejambe. C’est dans ce sens que nous ne pouvons pas considérer la flanelle comme un vêtement « basique ». Un basique, pour nous, c’est un jeans, un pantalon en cavalry twill, un chino ou un blazer qui tient bien en toute saison. Or, nous l’avons vu, la nature même du tissu en flanelle le rend un peu plus fragile. Il faut veiller à sortir ses vêtements en flanelle de manière alternée avec d’autres et veiller à en prendre soin pour préserver toutes ses qualités.
Pas basique donc, mais intemporel. La flanelle restera toujours le tissu privilégié lorsque l’hiver ou les températures froides apparaîtront. Intemporel car en terme de style, elle permet de dépareiller facilement ses tenues, et ses couleurs sont historiquement assez basiques.

La flanelle, c’est un équilibre parfait entre confort douillet et élégance vestimentaire classique. En terme de style, c’est un vêtement que l’on peut facilement dépareiller (si l’on parle de complet). C’est pourquoi le costume de flanelle grise est si populaire. Il est souvent le premier costume gris, lorsque l’on a déjà fait quelques ensembles dans les tons bleu marine. Le pantalon en flanelle grise est alors un allié parfait pour aller de pair avec des vestes d’hiver.

Le bleu marine quant à lui, permet d’aller encore plus loin dans le registre casual. Imaginez-le remplacer votre jeans brut dans vos looks et vous pourrez alors facilement porter un pantalon de flanelle bleue avec une paire de bottines, une chemise en jeans ou un pull shaggy dog…
Si le dépareillé est si facile lorsqu’il s’agit de flanelle, c’est que son tissu n’est pas tout à fait « lisse ». En termes de couleurs par exemple, il est assez commun qu’une flanelle d’apparence unie soit composée en fait de 3 ou 4 fils de couleurs différentes, produisant une teinte avec beaucoup de nuances. Un aspect changeant souligné aussi par le caractère duveteux et texturé du tissu dont nous avons parlé précédemment. De manière générale, il est en effet plus aisé de dépareiller un costume, si celui-ci n’est pas un tissu lisse ou soyeux.

En terme de motifs, il y a bien deux classiques, que l’on ne dépareille pas mais que l’on adore porter comme costume d’hiver : le costume en flanelle à rayures craies et le prince de galles. Ce sont à notre sens, les motifs qui rendent le mieux sur une flanelle, grâce à sa texture que nous avons déjà évoquée maintes fois.

1- L’appellation rayures craie, provient de l’utilisation de la craie de tailleur que l’on utilise pour marquer directement sur le tissu lors de retouches ou essayages. Son trait est grossier et la rayure légèrement estompée. C’est un costume très business que beaucoup d’entre nous aimerons porter pour son côté « power suit » avec une certaine dose de second degré plutôt que pour sa connotation « loup de wall street ».

2- Le prince de galles quant à lui, c’est l’élégance anglaise par excellence. Associez-le à une veste croisée 6×2 et vous aurez à coup sûr l’un de vos costumes préférés à porter l’hiver.